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Le fondeur de cloches Johannes Bourlet (362)

La plus ancienne cloche du clocher de Baelen fut fondue en 1691 par Johannes Bourlet

La plus ancienne cloche suspendue actuellement cloche1dans le clocher de Baelen date de 1691. Elle mesure 1 mètre de hauteur, anses d'attaches non comprises, pour un diamètre de 1m36 . La tonalité, au coup, donne la note Ré dièse. Une décoration finement stylisée sur la panse de bronze présente le Christ en croix posé sur un tertre constitué de quatre niveaux à gradin. Deux personnages debout - deux femmes qui pourraient être Marie et Marie-Madeleine ? - entourent le calvaire. Symbolisant la pureté, deux feuilles de saugecloche2 émergent de l’angle formé par deux gradins. Du côté opposé figure, en médaillon, l'effigie de la Vierge à l'Enfant.


Une inscription latine est posée en trois lignes de lettres capitales coulées en relief sur le cerveau :

  • IESUS MARIA IOSEPH EN EGO PAVLVS CAMPANA NVNQVAM DENVNCIO VANA LAVDO DEVM VERVM PLEBEM VOCO
  • CONGREGO CLERVM FVNERA PLANGO FVLGVRA FRANGO SABBATHA PANGO EXCITO LENTOS DISSIPO VENTOS PACO CRVENTOS
  • REFVSA A IOANNE BOVRLET EN BAPTIZATA ANO 1691

Ce qui se traduit par :

  • Jésus, Marie, Joseph et moi la cloche de Paul, je n'annonce guère de choses vaines, je loue le Dieu véritable, j'appelle le peuple
  • Je rassemble le clergé, je pleure aux funérailles, je brise la foudre, je chante le sabbat, j'excite les lents (c.à.d. les tièdes), je dissipe les vents, j'apaise les sanguinaires
  • Refondue par Jean Bourlet et baptisée l'an 1691


cloche3Une masse de bois jouant le rôle de contrepoids, appelée mouton, surmonte la cloche qui est suspendue à un beffroi, ensemble remarquable de poutres en bois, assemblées par mortaises et tenons chevillés, destiné à absorber les vibrations importantes du mouvement des cloches, sans les transmettre à la maçonnerie du clocher qui, immanquablement, risquerait de se fendre ! Pour éviter ce désastre, nos ancêtres ont posé la base du beffroi sur des corbeaux, pierres formant saillie et encastrées dans le mur intérieur de la tour. Des troncs d’arbre dont certains ont conservé par endroit des portions d'écorce constituent, en partie, l’ossature de ce beffroi daté de 1547-1548.

Originaire de Vrécourt dans le Bassigny (Lorraine), Johannes Bourlet naît à Jülich et meurt à Bad-Honnef, au sud de Bonn, le 22 janvier 1695. Il commence son métier de fondeur de cloches dès 1669. Il se met à parcourir de nombreuses régions, proposant ses services aux communautés lors de ses pérégrinations. C’est donc en 1691 que ce fondeur de cloches ambulant, comme l’étaient de nombreux métiers à cette époque, accepte de refondre une cloche à Baelen. Le contrat liant Bourlet à la communauté baelenoise est introuvable. Cependant nous pouvons imaginer comment cela se passait jadis pour réaliser pareil travail. D’autres sources, notamment françaises, signalent la manière dont était approvisionné et conduit le chantier.

Dès l’acceptation du contrat par le fondeur de cloches, ce dernier s’installait dans le village au plus près de l’église afin d’effectuer son travail. Généralement il transportait partout où il se rendait son outillage et les matrices destinées à réaliser les inscriptions et décorations qui figureront sur la cloche. Un emplacement à couvrir d’une toiture était choisi près de la tour afin d’y creuser la fosse qui accueillera la cloche à couler et le foyer destiné à la fonte des matériaux.

cloche4Commençaient alors les approvisionnements, par l’apport de nombreuses briques cuites avec lesquelles un maçon construira le four, plusieurs stères de bois, des sacs de charbon de bois, des planches de hêtre, des cordages, du chanvre fin, de la cire, du savon, du suif fondu, de la bourre (poils d’animaux), plusieurs tombereaux d’argile et, bien sûr, du bronze, du cuivre et de l’étain … Il était fréquemment demandé aux membres des communautés concernées d’apporter de la vieille monnaie et tous autres objets de cuivre ou de bronze qui viendront s’ajouter aux débris récupérés de la cloche endommagée, en remplacement de laquelle il est nécessaire d’en refondre une nouvelle.

Le fondeur construisait, alors, le moule de la nouvelle cloche qu’il déposait au fond de la fosse achevée aux dimensions utiles. Le moule étant prêt, pouvait alors commencer la coulée de bronze, mélange de trois quarts de cuivre pour un quart d’étain. Après refroidissement, le fondeur cassait le moule, offrant le résultat de son art aux regards de la communauté locale. Après réception du travail par quelques experts en la matière, il restait alors à fêter religieusement l’événement et, surtout, à hisser la cloche dans le beffroi. Une autre prouesse à réaliser, sachant qu’à Baelen, la cloche coulée pèse près de 500 kg !

Un menuisier du village fabriquait alors la roue qui sera placée sur l’axe supportant les quatre anses fondues sur le sommet de la cloche. Elle servira à mettre la cloche en mouvement à l’aide d’un cordage bien épais. Un tel accessoire affecté à la cloche de 1691 existait encore à Baelen en 1913. Réalisée en bois de chêne, cette roue sur laquelle venait s’enrouler la grosse corde de tirage, présentait l’inscription et la date : C. URL. & I. PETRUS RADERMECKER 1810. Depuis un certain temps déjà, la motorisation et la mécanisation ont remplacé et les roues en bois et les sonneurs de cloches. Cependant de nombreux Baelenois se souviennent encore de ces « joyeux » tirages de corde qui se pratiquaient au premier étage de la tour. La palme revenait à celui qui, entraîné par le va-et-vient de la corde, atteignait, le premier, le plafond voûté de la pièce !

Outre son ancienneté évidente, l’intérêt de cette cloche réside dans le fait qu’elle prend place, historiquement, parmi plus de 200 cloches fondues par Jean Bourlet au cours de son existence et qu’elle ne figure dans aucun inventaire rédigé par des historiens allemands. Le campanologue Achim Bursch, originaire de Bonn, s’est chargé, récemment, de faire connaître chez nos voisins l’existence de cette cloche qui, pour nous Baelenois(es), représente un élément incontestable de notre patrimoine local.
 

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