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Albert Londres et l'entrée des troupes anglaises à Eupen (405)

Il y a 100 ans déjà, Albert Londres relatait l'entrée des troupes anglaises à Eupen en 1918. Elles étaient précédées par la fanfare de Membach.

Né en 1884 à Vichy, Albert Londres, qui se destinait à une carrière de poète, s’est très tôt rendu célèbre par ses articles et ses récits de voyages, publiés au début du siècle dans Le Petit Journal, Le Quotidien ou Le Petit Parisien, et a marqué plusieurs générations de journalistes. Il signe son premier article en 1914, et a couvert notamment la Grande Guerre. Il est mort le 16 mai 1932 lors de l’incendie du paquebot George Philippar, au retour d'un reportage en Chine dont on ne sait rien.

Edwy Plenel (Le Monde - Média Part) parle d’Albert Londres comme étant son maître en journalisme. Le célèbre journaliste fit fermer le bagne de Cayenne, dénonça la traite des Noirs, et celle des «blanches» (1884-1932). Créé par sa fille, Florise, le Prix Albert Londres couronne, en France, le meilleur reporter de l’année en presse écrite depuis 1933 et audiovisuelle depuis 1985.

Dans ses nombreux écrits, nous trouvons ses grands reportages réunis dans cet ouvrage : « Contre le bourrage de crâne » (Arléa). Dès le début de la guerre de 14-18, Albert Londres se bat contre la censure et la propagande officielle. Il ne tarde pas à devenir «indésirable», et son nom figure en tête d'une liste noire, établie par l'état-major français, assorti de la mention : « Mauvaise tête ». Les reportages réunis dans cet ouvrage concernent la période 1917-1918. Ils sont tous animés par la révolte contre le «bourrage de crâne».
Ils concernent notamment Membach.
En voici des extraits significatifs :

Eupen (en Allemagne) le 1er décembre 1918.

« Grand jour. Le sol allemand vient de sonner sous nos pas. L’Alsace-Lorraine, c’était à nous, c’était chez nos frères que nous arrivions. Leurs bras étaient ouverts, les nôtres aussi ; ce fut l’étreinte. Ce dimanche matin, 1er décembre, par un soleil glacé, mais brillant, chez l’ennemi, l’armée anglaise se présenta. Depuis 18 jours, nous avions triomphalement traversé la Belgique. Vivats, baisers, fleurs, fêtes, arcs, populations bannières en tête venant à notre rencontre. Rien ne manqua à ceux qui par le royaume de Belgique délirant montaient vers la germaine déchue pour l’occuper.

Qu’allons-nous voir ? Que nous réserve l’ennemi ? Tout était vraisemblable. Volets clos ? Colère ? Il a gelé la nuit, dès 8 heures, le soleil réjouit le givre. Le 15° hussards s’ébroue.

Par la route de Verviers, nous traversons Membach, dernier village belge, puis c’est tout droit. Le poteau belge, dix mètres après, l’Allemand ; nous sommes en Allemagne. Eupen est à peine à un kilomètre. Sortant de la ville dans notre direction, viennent cinq enfants de dix, douze ans. Ce sont nos premiers Allemands ; c’est dimanche, ils ont leurs habits propres ; leur curiosité les mène à la frontière voir la chose. Ils nous disent bonjour et l’un d’eux court vers nous. Il a une croix de fer imprimée sur sa belle cravate et il nous tend trois cigarettes :

- Comment t’appelles-tu ?
- Joseph.
- Que fait ton père ?
- Il travaille.
- Parles-tu français ?
- Nein.

Laissons aux cavaliers la gloire d’être en tête. Regardons le pays qu’ils ont sauvé. Les voilà, ils avancent deux par deux. Ils arrivent au poteau. Un mouvement. Ils mettent le fusil sur la cuisse et sans s’arrêter ils continuent. Il est huit heures quarante-trois. L’acte historique est accompli. La vieille Angleterre foule l’Allemagne. Ils s’avancent à flanc d’un bois de sapins, le soleil sur le casque, serrés, nombreux, solides. Il en vient, il en vient, c’est l’invasion, c’est notre tour. Merci, les morts.
Mais voilà le centre. Des habitants sont dans la rue. Le long d’une longue rampe qui conduit au haut quartier, ils sont accoudés. Froide minute. Presque toute la ville assiste à sa livraison….

Les cavaliers anglais passent, flammes au vent, sans regarder. Ils sont la victoire qui va. Un unique uniforme allemand, un garde forestier, jeune, singeant le hobereau. Ses yeux nous inondent d’injures, mais sa bouche est plus prudente …

Une musique. Ce sont des civils qui précèdent cet escadron ; c’est, au grand complet, la fanfare du village belge d’à côté : «Membach». Il n’y a que des Wallons pour avoir cet estomac. Depuis quatre ans, leurs voisins les ont dominés. Les cuivres pètent comme s’ils n’étaient pas rouillés.
Les Allemands en sont jaunes, la fanfare accompagne l’escadron de la première à la dernière maison d’Eupen et ils reviennent à contresens des troupes, soufflant plus fort.
Les magasins sont ouverts, nous achetons quelques cartes postales. Des affiches vertes sont sur les murs, la police allemande ordonnait aux habitants de remettre toutes leurs armes, exception pour le garde champêtre. Un indigène s’approche et nous dit, voulant être prévenant : « Tout est remis, c’est fait depuis hier ». Tout le monde semble bien chaussé et bien habillé, les privations n’ont pas non plus gâté l’agrément de quelques visages féminins.

Nous voilà sur les routes d’Allemagne, nous dépassons la cavalerie et nous filons à soixante à l’heure, le drapeau français battant notre voiture. Puis Montjoie, … Malmedy, … »

André Hauglustaine, Camille Meessen

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